CHAPITRE IV

La tente qui servait d'infirmerie puait le sang et la chair brûlée. Le chirurgien militaire enleva le fer chauffé à blanc du bras de Rowan, et étudia la blessure.

— Elle est refermée, capitaine. Vous ne perdrez pas l'usage de votre bras, je pense, avec l'aide des dieux.

Rowan tendit son autre main et prit le verre de vin que Waite, le chirurgien, avait préparé pour lui. Trop fier pour accepter une potion contre la douleur, Rowan ne savait pas que Waite avait mis dans le gobelet une poudre qui le soulagerait.

— Merci, mon seigneur, dit-il, la voix encore rauque sous l'effet de la douleur, qui commençait à s'estomper un peu.

Il remit ses vêtements, et je ne tentai pas de l'aider. Je savais qu'il n'aurait pas accepté mon assistance, car j'étais son Mujhar. Rowan, même s'il ne se reconnaissait pas Cheysuli, montrait sans le savoir la fierté inhérente à sa race.

Je jetai un coup d'œil à l'extérieur de la tente. Le ciel hivernal était plombé et bas. Je m'étirai avec précaution. Je n'avais pas été blessé dans la bataille, mais j'étais endolori, et mon nez restait encore sensible. Mon cheval m'avait donné un coup de tête qui m'avait à moitié assommé. Je devais la vie à Rowan, qui avait détourné le coup qui m'était destiné alors que je vacillais sur ma selle, proie facile pour l'ennemi.

Nous avions tous deux eu de la chance.

— Tu as faim ? demandai-je à Rowan.

Il fit signe que oui. Comme nous tous, il était trop maigre. Ses traits anguleux de Cheysuli le rendaient carrément hâve. Ma barbe et mon visage plus rond faisaient illusion. Cela m'arrangeait, car je détestais qu'on me demande sans cesse si j'allais bien.

Rowan mit ses gants avec précaution, car son bras le faisait souffrir. Il était pâle ; ses pupilles dilatées par la poudre que Waite avait mise dans le vin faisaient paraître ses yeux plus noirs que jaunes. A ce moment, il avait l'air plus Homanan que Cheysuli.

Pauvre Rowan, pensai-je, déchiré entre deux cultures, deux races.

Il me fit un sourire forcé.

— Mon bras va bien, mon seigneur.

— Guérison miraculeuse, marmonna Waite. Il y a un instant, ce bras vous faisait encore mal. Peut-être devrions-nous échanger nos places, mon seigneur Mujhar ?

Rowan rougit. Je souris et lui fis signe de me suivre dehors.

— Tiens, dis-je en l'amenant près d'un feu où un soldat préparait le repas, du vin chaud et du sanglier rôti. Tu te sentiras mieux le ventre plein.

— Mon seigneur, dit-il doucement, je suis désolé.

— Désolé ? Tu m'as sauvé la vie ! Tu as droit à ma gratitude, tu n'as pas à t'excuser.

— Si, insista-t-il. Je ne suis pas... votre homme-lige. Vous seriez davantage en sécurité avec Finn à vos côtés. Je n'ai pas la même capacité de vous protéger.

— C'est vrai, dis-je, tu n'es pas Finn. Tu ne peux pas le remplacer, mais je te veux avec moi. Quand j'ai banni Finn, il y a six mois, je savais ce que je risquais. C'était nécessaire pour le bien de tous. Quand le serment d'allégeance est rompu, c'est terminé. Je ne recherche pas un second homme lige. Je t'apprécie pour ce que tu es.

Le soldat posa une tranche de viande sur un morceau de pain grossier et me le tendit. Je le donnai à Rowan.

— Mange. Reprends des forces, la guerre n'est pas terminée.

Son visage était pâle et tiré, mais je savais que sa douleur n'était pas seulement celle de sa blessure.

Je me baissai pour nous servir du vin quand j'entendis quelqu'un crier mon nom.

Trois hommes à cheval arrivaient dans le camp, deux Homanans et un étranger.

— Un messager, mon seigneur, dit l'un des Homanans en s'agenouillant devant moi.

Il montrait l'étranger.

— Atvien ?

— Non, mon seigneur, Ellasien. Envoyé par le Haut Prince Cuinn.

Je souris.

— Soyez le bienvenu, messager.

Il descendit de cheval, s'inclina devant moi. Il était jeune, le visage ouvert.

— Mon seigneur, le Haut Prince m'a donné ceci pour vous.

Il sortit un parchemin fermé par un sceau de cire bleue portant le blason d'Elias.

Je brisai le cachet.

A mon retour à Rheghed, le roi mon père m'a fait bon accueil. II m'a couvert de présents. L'un d'eux était le commandement de la Garde Royale ellasienne. Il n'avait peut-être pas prévu que j'aurais la générosité de vous prêter mon cadeau, mais c’est fait. Mes hommes sont à vous pour le temps nécessaire. En échange, je vous demande simplement de bien traiter Elias lorsque nous vous demanderons une alliance.

Ecrit de la main du Haut Prince, Cuinn Lachlan Llewellyn.

J'éclatai de rire.

— Vous êtes vraiment le bienvenu ! Combien êtes-vous, et où ?

— A une demi-lieue, mon seigneur ; cinq mille hommes à votre service.

— Que Lhodi soit loué pour votre message, mon ami ! Et pour l'amitié de Lachlan. Votre nom ?

— Gryffth, mon seigneur. ( Il sourit. ) Pardonnez-moi, mais nous savions ce que le Haut Prince avait l'intention de faire, et nous sommes tous d'accord.

— Cinq mille hommes... Thorne sera balayé en un jour. Notre victoire sera plus aisée !

Après avoir donné un verre de vin chaud au messager, je me tournai vers Rowan.

— Eh bien, mon seigneur, dit-il, souriant, voilà une bonne nouvelle !

— Oui. Et tu n'auras pas besoin de te battre de nouveau.

— Mon seigneur... protesta-t-il.

Je ne l'écoutai pas et relus la missive de Lachlan...

Je posai mon doigt sur la carte.

— Mujhara est là, dis-je, et nous sommes ici. A quarante lieues environ au nord-est de la cité. Les Cheysulis sont ici, près de Lestra. Thorne est venu par là. ( Je montrai le port solindien d'Andemir. ) Il avait l'intention de prendre Mujhara.

— Mais vous l'avez arrêté, dit le capitaine ellasien. Il est coupé du reste de ses troupes, et il n'ira pas plus loin.

— Thorne s'était vanté du fait d'avoir partagé son armée en deux. Il a dit qu'il avait envoyé une flottille prendre Hondarth, au sud, et qu'il entrerait en même temps par la frontière solindienne. Mais c'était une ruse.

— Il avait l'intention de vous forcer à diviser vos troupes et d'affronter ici des forces homananes réduites. C'était intelligent, mais vous l'avez été encore plus, mon seigneur !

— J'ai de bons espions, dis-je. J'ai pu rappeler à temps les troupes que j'avais fait partir pour Hondarth. Nous tenons Thorne, mais je le connais ; il enverra ses hommes contre nous jusqu'à ce qu'ils soient tous morts.

Meredyth, le capitaine ellasien, était de vingt ans mon aîné, mais il savait écouter.

— A-t-il trouvé de l'aide en Solinde ?

— Beaucoup moins qu'il l'espérait. Les Solindiens sont... prudents, depuis que j'ai envoyé les Cheysulis pour renforcer l'alliance.

— La reine se porte bien ? demanda Meredyth avec politesse.

Je savais pourquoi il posait la question. Electra devait donner naissance à notre second enfant dans moins de trois mois. Si c'était un garçon, Solinde serait d'autant plus près de l'autonomie. C'était l'une des raisons pour lesquelles Thorne n'avait pas trouvé beaucoup d'alliés en Solinde ; l'autre était la présence des Cheysulis.

— Et les Ihlinis ? demanda Meredyth. Se sont-ils alliés à Thorne ?

Il ne m'a pas été rapporté la présence d'Ihlinis dans les troupes atviennes. Thorne est rusé, il utilise mes propres méthodes. Pas de batailles rangées, des raids et des escarmouches. Vous le voyez, nous sommes là depuis six mois, la bataille n'était pas aisée à gagner... jusqu'à ce que Lachlan nous offre son aide.

Meredyth hocha la tête.

— Mon seigneur, je pense que vous serez rentré à temps pour voir naître votre héritier.

— Acceptons-en l'augure, dis-je. La plus grande partie de l'armée atvienne est là, en face de nous. Le dernier raid date de deux jours. Je pense que nous disposons au moins d'un jour avant que Thorne ne passe de nouveau à l'attaque. Profitons-en pour élaborer notre plan.

Thorne d'Atvia nous livra bataille deux jours plus tard. Cette fois, il engagea toutes ses troupes ; il se battit avec la détermination d'un homme qui sait que c'est sa dernière chance. Malgré les archers atviens, nous avions coupé la retraite à ses soldats, et nous étions en train de détruire ses forces offensives.

Je cherchai Thorne, car je le voulais à la pointe de mon épée. J'entendais qu'il sache qui le tuait, et pourquoi.

Lorsque la flèche se logea dans ma cotte de mailles, je crus d'abord que je n'étais pas blessé. Je sentis un choc violent à l'épaule gauche, mais je ne pensai pas que le métal eût traversé les chairs. Quand je tirai sur les rênes de mon cheval pour affronter un Atvien qui arrivait au galop, je réalisai soudain que mon bras était engourdi.

Avec un seul bras valide, je ne pouvais pas espérer désarçonner l'homme et le tuer. Je tentai de l'éviter, mais son cheval heurta violemment le mien. L'impact envoya une vague de douleur de mon épaule à mon crâne. Je me penchai en avant, et parvins à dévier son coup. L'épée s'enfonça dans ma selle, juste derrière moi, où elle resta plantée. Debout sur les étriers pour éviter de m'asseoir sur l'arme, je me retournai pour voir l'homme bondir de son cheval et se ruer sur moi.

Il était énorme, plus grand et beaucoup plus lourd que moi. Le choc me renversa, et nous tombâmes tous deux, les mains du soldat agrippées à ma cotte de mailles. Je tentai de me libérer, mais mon bras gauche était toujours engourdi, et le soudard atterrit sur moi, me coupant le souffle.

Il se redressa, la dague à la main, prêt à m'achever. Sans savoir comment, je parvins à extraire mon poignard de son fourreau et à le planter dans son bas-ventre. Il poussa un hurlement inhumain et lâcha son arme.

Je frappai plusieurs fois de ma main gantée. Le sang de l'homme m'inonda ; je compris qu'il allait se vider en quelques instants.

J'essayai de me libérer, de le faire rouler de côté.

Mais il était trop lourd, le poids de son énorme corps en armure encore augmenté par le relâchement musculaire de la mort.

Mes forces m'abandonnèrent. Je me sentis tomber dans un trou sans fond. Personne n'arrêta ma chute...

Un rai de lumière perça les ténèbres. Je tentai de me lever.

— Restez tranquille, mon seigneur, dit la voix de Rowan.

Waite était en train de soigner mon épaule. J'espérais qu'il n'aurait pas besoin de la cautériser... J'avais été blessé une ou deux fois en Caledon, mais j'avais presque oublié la douleur et la faiblesse qui suivaient de telles lésions.

— Par les dieux, Waite, ne peux-tu me donner la même potion qu'à Rowan ?

— Je pensais bien que vous m'aviez fait boire quelque chose, marmonna Rowan. J'ai trop bien dormi cette nuit-là !

— Laissez-moi finir de panser votre épaule, mon seigneur, dit le chirurgien. Puis je vous administrerai la potion. Soulevez-le doucement, ajouta-t-il en parlant à Rowan. Imaginez que c'est un œuf et que vous ne voulez pas casser sa coquille.

J'eus un faible sourire. Quand Rowan me souleva pour que Waite passe les bandages autour de mon épaule, je gémis presque.

— Dieux ! Mes os sont-ils tous brisés ?

— Non, dit Waite. On vous a trouvé sous un Atvien en armure, très lourd et très mort. Vous y êtes resté plusieurs heures, il n'est pas étonnant que vous ayez mal partout.

Il me tendit une coupe de vin chaud.

— Tenez, mon seigneur, buvez. Pour l'instant, il vaut mieux que vous dormiez.

Il remonta les couvertures jusqu'à mon menton. Des braseros brûlaient autour de ma paillasse. En hiver, même une blessure légère peut vous tuer.

— Je suppose que nous avons gagné la bataille, dis-je, à moins que nous ne soyons tous prisonniers des Atviens ?

— Nous avons gagné, mon seigneur, dit Rowan. La bataille et la guerre. Les Atviens sont défaits, ceux qui ont pu se sont enfuis vers Solinde. Thorne est mort.

— Je voulais le tuer moi-même... soupirai-je.

— Moi aussi, dit Rowan. Mais je ne suis pas parvenu à le trouver.

La poudre commençait à agir ; je me sentais la tête lourde.

— Qu'on ne rende pas son corps à son peuple, ordonnai-je. Il a refusé à mon père des funérailles homananes ; il ne bénéficiera pas des rites atviens.

— Oui, mon seigneur, dit Rowan.

Mes paupières s'alourdissaient.

— Thorne a deux fils. Envoie un messager leur dire que le Mujhar d'Homana demande leur allégeance. Qu'ils viennent à Mujhara... Rowan, occupe-toi de cela... Nous rentrerons à Mujhara demain matin.

— Vous ne serez pas en état de voyager demain, coupa Waite. En litière, peut-être, d'ici quelques jours...

Je ne voulais pas qu'Electra s'inquiète.

— J'irai en litière jusqu'aux portes d'Homana-Mujhar, dis-je avec fermeté. Mais j'entrerai à cheval dans ma cité.

— Bien mon seigneur, dit Rowan. Je m'en occupe.

Je laissai les ténèbres m'engloutir de nouveau.

Waite avait raison : le lendemain, je n'étais pas en mesure de voyager, même en litière. Le troisième jour, je me sentis beaucoup mieux. Je revêtis mes vêtements les plus chauds et allai saluer les capitaines ellasiens.

Sa mission accomplie, la Garde Royale d'Elias rentrait chez elle. Je donnai de l'or à chaque capitaine, et des pièces pour les hommes de troupe. Meredyth me demanda une faveur, que je fus heureux de lui accorder. Gryffth resterait à Homana-Mujhar en tant qu'envoyé permanent d'Elias.

Je partis en litière et passai une partie du voyage à somnoler, ou à réfléchir à l'avenir. Les fils de Thorne étaient jeunes, trop jeunes, pensai-je, pour me créer des problèmes. Pourtant je n'avais pas envie d'annexer Atvia. Le royaume était trop lointain ; d'autres rois avaient vidé leurs coffres à vouloir tenir sous leur coupe des pays trop distants. Je ne commettrais pas la même erreur. Déjà, avoir un régent en Solinde ne me plaisait pas beaucoup : si Electra me donnait un premier fils, je serais satisfait que Solinde revienne au second.

Le voyage était plus long en litière. Ma blessure guérissait lentement. J'accomplis la fin du trajet à cheval ; malgré l'amélioration de mon état, j'étais épuisé en arrivant en vue d'Homana-Mujhar et je n'avais qu'une envie, me mettre au lit. De préférence avec Electra dans mes bras.

J'allai directement aux appartements royaux, et une servante me dit qu'Electra se baignait, et que je devrais attendre un peu. Elle ajouta, en gloussant, qu'Electra m'avait préparé un accueil spécial.

Si je ne pouvais pas voir mon épouse tout de suite, j'irais au moins voir ma fille, me dis-je. Aislinn, qui venait juste d'avoir huit mois, dormait dans son berceau de chêne marqueté.

Je posai une main sur sa joue duveteuse. J'avais peine à croire qu'elle était à moi. Ma main était si grande, si grossière à côté du fragile visage ! Elle avait les yeux gris de sa mère, et promettait d'être une vraie beauté.

— Princesse d'Homana, murmurai-je, qui sera ton prince ?

Ne voulant pas la déranger, je me retirai dans mes appartements. La fatigue s'abattit sur moi ; je m'affalai en travers de mon lit et m'endormis instantanément.

Je m'éveillai en sursaut pour découvrir que j'avais du mal à respirer. Je ne souffrais pas, mais j'étais immobile, emprisonné au sein des ténèbres. Je ne savais pas pourquoi.

— Mon pauvre Karyon, fit une voix ironique. Si fort sur le champ de bataille, et si impuissant dans son propre lit !

C'était la voix d'Electra ; son odeur, aussi.

Un accueil spécial, avait dit la suivante...

La main d'Electra descendit sur mon front.

— C'est terminé, dit-elle. Notre parodie de mariage est finie... et ta vie aussi. Il est temps que je parte.

Des runes pourpres jaillirent de l'obscurité. Mon épouse était vêtue de noir, ce qui ne dissimulait pas son ventre gonflé.

Elle vit ce que je regardais.

— Ce n'est pas le tien, se moqua-t-elle. Tu n'avais pas compris ? C'est l'enfant d'un autre... Croyais-tu que je te serais fidèle, Karyon, quand je peux avoir l'amour de mon vrai seigneur et maître ?

L'homme qui était caché derrière elle avança dans la lumière des runes violacées qui dansaient dans sa main droite.

Tynstar s'approcha de la chandelle posée à côté de mon lit, et posa sa main dessus. Les runes pourpres se transférèrent à la chandelle.

— Vous avez été un adversaire digne de moi, dit-il doucement, un sourire suave sur son visage intemporel. Vous avez appris à manipuler les hommes depuis que je vous ai laissé partir, il y a huit ans. Vous auriez pu faire un bon roi...

Je ne pouvais ni bouger ni parler. O dieux, faites que je puisse au moins émettre un son avant de mourir !

— C'est votre faute, dit Tynstar. Si vous aviez gardé le Cheysuli à vos côtés, ce que je fais maintenant n'aurait pas été possible. Mais vous deviez penser à Electra, n'est-ce pas ? Vous deviez protéger la reine d'Homana. Très noble, mon seigneur. Mais cela va vous coûter la vie.

La flamme ensorcelée illuminait son visage d'une mortelle beauté.

— Finn connaissait la vérité, reprit l'Ihlini. Il m'a vu dans le lit d'Electra.

Je tentai de me jeter sur lui, mais mes membres ne m'obéissaient plus. Tynstar se rapprocha et posa sa main sur moi.

— J'en ai assez de m'amuser avec vous, dit-il. Il est temps pour moi de régner. Vous souvenez-vous de ce qui restait de Bellam, quand vous l'avez trouvé sur le champ de bataille ?

Il rit quand un spasme me traversa. Electra regardait, comme un faucon guettant un lapin.

— Cheysuli i’halla shansu, dit Tynstar. Saluez les dieux de ma part.

Je sentis l'horrible changement s'emparer de mon corps. Je sentis tous mes muscles se nouer, ma chair se tendre sur mon visage et mon corps se dessécher.

Je sus que j'allais mourir. Tynstar avait gagné.

Cheysuli i'halla shansu, avait dit Tynstar. Que la paix cheysulie soit avec vous. Etrange mot d'adieu de la part d'un Ihlini à un Homanan... Et soudain, je me souvins. Je me souvins des quatre jours que j'avais passés dans le puits. Les jours où j'avais cru être un Cheysuli, où j'avais senti en moi la magie de leur race.

Avec mes dernières forces, je cherchai en moi la puissance des dieux cheysulis et le pouvoir de combattre l'Ihlini.

J'entendis le sifflement d'une lame sortant du fourreau. Puis je n'entendis plus rien.